La baie d’Hạ Long

Située dans le golfe du Tonkin, à 165 km au nord-est de Hà Nội, la baie d’Hạ Long couvre une superficie de 43 400 ha et comprend plus de 1600 îles et îlots dont la plupart sont inhabités. Les tourelles karstiques, les arches, les plages, les grottes ainsi que les villages flottants font le charme et la beauté scénique du site qui attire quotidiennement plus de 5000 touristes. Classée vestige historique et culturelle puis, en 1962, site de paysage national, la baie d’Hạ Long est aujourd’hui classée au patrimoine mondial de l’Unesco et est considérée comme l’une des sept merveilles naturelles du monde. 

L’île de Cát Bà, la plus grande, mesure 20 km de long et 10 km de large et la population y est peu dense en raison de la rareté de l’eau douce (présence d’eau saumâtre dans les nappes). Le fond de la baie d’Hạ Long n’excède pas 40 m et correspond à la surface d’une vaste plaine fluvio-karstique formée au Tertiaire, puis inondée par les transgressions quaternaires^[1]. De nombreuses grottes se distribuent également dans la baie, certaines, comme celle de Đầu Gỗ (grotte des pieux de bois)^[2] dans l’île de la Vierge, ne sont pas envahies par la mer. 

Géologiquement, la formation de la baie remonte à 500 millions d’années. Le paysage qu’elle présente aujourd’hui est dès lors le résultat de l’érosion, de mouvements tectoniques sur 20 millions d’années ainsi que des variations eustatiques du niveau marin au cours du Néogène (fin du Tertiaire) et du Quaternaire^[3].

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Par ailleurs, une légende populaire raconte que le paysage de la baie serait dû à la manifestation céleste d’une femelle dragon et de sa progéniture. Voulant stopper une invasion, ces derniers auraient fait surgir des profondeurs des fragments de jade et de pierres précieuses. Au contact de l’eau, les pierres se seraient transformées en pitons karstiques, causant ainsi la perte de la flotte ennemie et conférant au lieu le nom de descente du dragon.

La légende raconte aussi que le paysage serait le résultat d’un plongeon du dragon dans la mer. Les déambulations du dragon auraient alors formé le relief que l’on connaît. Aujourd’hui encore, on parle de l’existence d’une créature géante de 30 m qui vivrait dans les fonds marins de la baie d’Hạ Long, les colons français l’appelaient le « Tarasque ».

Bien que classée et protégée, la baie n’en reste pas moins aujourd’hui exploitée pour son potentiel économique et les perspectives de retour sur investissement rapides qu’elle promet. Le tourisme de masse, l’exploitation minière (le charbon y est exploité depuis 1840), la sédimentation de la baie suite au lessivage de l’arrière-pays rural et déboisé ou, tout simplement, l’urbanisation liée à la littoralisation de l’économie hypothèquent gravement l’avenir du site.

La gestion de l’environnement de la baie d’Hạ Long par les autorités donne quant à elle à voir une économie politique opaque faite d’arrangements entre acteurs visant à ne pas freiner la dynamique générale d’enrichissement. L’épuisement écosystémique de la baie constitue un exemple du phénomène d’accumulation de capital par exploitation des biens communs. La tension entre « développement » et « conservation » s’illustre alors dans le traitement réservé à ce site majestueux mais menacé par sa surfréquentation. À cette pression anthropique il faut également rajouter la menace du réchauffement climatique et ses implications sur le niveau marin qui affecte déjà le site et ses habitants.

Pour aller plus loin :

Bui, H. T., & Le, T. A., 2016, « Tourist satisfaction and destination image of Vietnam’s Ha Long Bay », Asia Pacific Journal of Tourism Research, 21(7), 795-810.

Kratoska, P. H., 1997, « Le Sampanier de la baie d’Along. » Journal of Southeast Asian Studies, 28(2), 470-472.

Pham Hong, Long 2014, “The Perceived Impacts of Tourism: The Case of Ha Long Bay”, Vietnam, International Journal of Tourism Sciences, 14:2, pp. 145-169, 

             Tran, V. T., 2016, Conséquences environnementales de l’urbanisation et de l’industrialisation en baie d’Ha Long, Vietnam( Doctoral dissertation, Toulouse 2).

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^[1] Pham Khang, 1991, « Présentation des régions karstiques du Việt Nam », In : Karstologia : revue de karstologie et de spéléologie physique, n°18, 2^e semestre, pp. 1-12.  

^[2] Au XIII^e siècle, cette grotte a servi à dissimuler des pieux de bois découverts en 1958 et destinés à entraver la retraite de la flotte mongole. Trois siècles plus tôt, la même technique avait été utilisée contre la flotte chinoise par Ngô Quyên.

^[3] Le tertiaire est compris entre – 66 millions d’années et – 2,58 millions d’années. Le quaternaire est la période géologique la plus récente, elle s’étale de – 2,58 millions d’années à nos jours. 

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