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Les 3000 îles vietnamiennes

Avec 1 km de côtes pour 100 km2, le Việt Nam se situe 1,6 fois au-dessus de la moyenne mondiale en termes de ratio côte/superficie. Les espaces maritimes, longtemps délaissés, sont dorénavant au centre de l’attention de l’État vietnamien qui considèrent les 2720 kmd’îles en fonction de leur emplacement stratégique et de leurs caractéristiques géoéconomiques et démographiques selon une classification particulière : 

  • les « îles à l’avant-poste dans la protection et la construction du pays » (Hoàng Sa, Trường Sa, Chàng Tây, Thọ Chu, Phú Quốc, Côn Đảo, Phú Quý, Lý Sơn, Cồn Cỏ, Cô Tô, Bạch Long Vĩ, etc.) ; 
  • les « grandes îles présentant des conditions favorables au développement socio-économique » (Cô Tô, Cát Bà, Cù Lao Chàm, Lý Sơn, Phú Quý, Côn Đảo et Phú Quốc ; 
  • les « îles côtières dotées d’un potentiel de développement lié à la pêche et au tourisme, en plus de servir de bases militaires » (Cát Hải, Bạch Long Vĩ (Hải Phòng), Phú Quý (Bình Thuận), Côn Sơn (Bà Rịa-Vũng Tàu), Lý Sơn (Quảng Ngãi), Phú Quốc (Kiên Giang), Kiên Hải (Kiên Giang), Hòn Khoai (Cà Mau), etc.).

Les espaces maritimes du Viêt Nam comptent plus de 3 000 îles réparties principalement le long de la côte nord-ouest du golfe du Tonkin. Certaines îles côtières importantes se localisent dans les régions du centre et du sud-ouest, tandis que les deux archipels de Hoàng Sa et Trường Sa, appartiennent respectivement à la ville de Đà Nẵng et à la province de Khánh Hòa. Les quatre provinces et villes relevant directement du gouvernement central qui comptent le plus grand nombre d’îles sont Quảng Ninh avec 2 078 îles (représentant près de 75 % du nombre total d’îles), Hải Phòng avec 366 îles (plus de 8 %), Kiên Giang avec 159 îles (près de 6 %) et Khánh Hòa avec 106 îles (près de 4 %). Les trois plus grandes îles, d’une superficie de plus de 100 km², sont : Phú Quốc (583 km²), Cái Bàu (190 km²) et Cát Bà (163 km²) ; suivent ensuite sept îles dont la superficie est comprise entre 20 et 100 km² ; 23 îles d’une superficie de 5 à 10 km² ; 51 îlots et récifs d’une superficie de 1 à 5 km² ; le reste étant principalement constitué de récifs de moins de 1 km² chacun. À noter également que la ZEE (Zone économique exclusive) du Việt Nam couvre une superficie de 1 395 096 km2 et compte environ 11 000 espèces vivantes, dont plus de 6000 espèces benthiques, répartis dans une vingtaine d’écosystèmes.

La cartographie des fonds marins réalisée par les autorités vietnamiennes remonte aux années 1990. C’est en effet à partir de cette période que le ministère de la Défense et l’ancien département général du cadastre ont mis en place un système cartographique couvrant toute la zone maritime vietnamienne. Les archipels Hoàng Sa et Trường Sa, particulièrement convoités (voir Mer de Chine méridionale) ont également fait l’objet d’un travail cartographique important. Les cartes, difficiles à se procurer, à l’échelle 1/10 000 et 1/50 000, fournissent d’importantes informations quant à la topographie labyrinthique des fonds marins de la mer de Chine méridionale. 

Aussi, des cartes géologiques et minérales ont été dressées, à partir de 1975, au 1:500 000, 1:200 000 et 1:50 000 (1:25 000) par le secteur de la géologie et des minéraux pour les zones côtières. Des cartes structurelles du plateau continental vietnamien et des bassins de dépôts cénozoïques à l’échelle 1:1 000 000 et 1:200 000 ont été réalisées par différents auteurs au sein de Petro Vietnam. Entre 1991 et 2010, les eaux côtières du Việt Nam (0-30 m de profondeur), d’une superficie de plus de 100 000 km2, ont fait l’objet de relevés, d’enquêtes et d’études systématiques. À ce jour, sur le plan géologique, 21 emplacements de strates géologiques quarternaires ont été identifiés et décrits comme étant déposés dans 4 zones marines : Móng Cái – Sơn Trà, Sơn Trà – Cà Ná, Cà Ná – Cà Mau et Cà Mau – Hà Tiên. En ce qui concerne les minéraux, plus de 50 points d’accumulation de sable minéral marin contenant de l’ilménite, du zirconium et de la terre rare le long des bandes côtières du Việt Nam et des cristallisations de fer et de manganèse, du sable minéral contenant de l’ilménite, du zirconium et de la monazite, de la cassitérite et de l’or ont été découverts sur le fond marin, tandis que 18 champs de sable pour les matériaux de construction ont également été découverts dans les eaux à une profondeur de 0 à 30 mètres.


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Yves Duchère (11 août 2024). Les 3000 îles vietnamiennes. Việt Nam ơi ! Consulté le 16 septembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/125ug


Yves Duchère

Géographe (Université d'Angers-Institut franco-chinois, Ningbo), spécialiste de l'Asie du Sud-Est et du Vietnam, Yves Duchère a séjourné plusieurs années consécutives au Vietnam où il a mené des recherches scientifiques portant sur les villages de métier du delta du fleuve Rouge et occupé des responsabilités en tant qu'urbaniste. Auteur de plusieurs articles et ouvrages, son dernier livre intitulé "Vietnam et États voisins. Géopolitique d'une région sous influences" est paru chez Armand Colin (Collection U) en octobre 2023. Ses champs de recherche ont trait à l'urbanisation en contexte autoritaire, aux interactions environnement-société en milieu urbain et, plus récemment, aux dynamiques et enjeux géopolitiques qui traversent le Vietnam à un moment où le nouveau centre de gravité géoéconomique et géopolitique du monde s'ancre de plus en plus en Asie du Sud-Est et orientale.

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