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Physiographie du Việt Nam

Étiré sur plus de 1600 km du nord au sud, la géographie du Vietnam donne à voir une variété de territoires qui, pour les besoins de la démonstration, sont abordés ci-dessous en trois temps (le nord, le centre et le sud). 

Terminaison sud-est du massif indochinois, en forme d’éventail orographique découpé par plusieurs axes fluviaux, les montagnes et collines au sud de la frontière sino-vietnamienne, sont de consolidation ancienne. Les vallées facilitent l’accès au territoire chinois, tandis que la vallée du fleuve Mã connecte le pays au Laos. Aussi, on trouve dans la région des roches remontant à l’Archéen (- 4 à – 2,5 Ga) qui témoignent d’une très ancienne orogénèse (de 1,85 Ga à 2,36 Ga). Pénétrable, mais difficilement, cet espace aux formes molles recouvertes de forêts denses et de savanes est ponctué de gorges profondes, bassins, plateaux calcaires et autres vallées d’orientation nord-ouest-sud-est (fleuve Rouge, rivière Claire, rivière Noire) jusqu’au delta du très vigoureux fleuve Rouge (son débit pouvant atteindre 30 000 m3/s). Formé il y a 6000 ans et divisé en six unités (lais de mer, cordons littoraux, terres basses du Sud, terres basses du nord-est, centre du delta, terres hautes du nord-ouest), le delta du Fleuve Rouge progresse de 100 m/an. C’est à l’apex de ce delta qu’a été érigée la capitale millénaire du peuple kinh : Hà Nội. En descendant vers le sud de cette plaine deltaïque, on atteint la plaine deltaïque la plus étendue de l’Annam, celle du fleuve Ma (province de Thanh Hóa). C’est ici que commence le centre, et notamment sa partie septentrionale d’où sont issus un très grand nombre des dirigeants passés et actuels vietnamiens, à commencer par le Président Hồ Chí Minh (province de Nghệ An). 

Partagée entre une longue bande de basses terres et la cordillère Trường Sơn (appelée cordillère annamitique par les Français) composée de moyennes montagnes issues des contreforts du plateau tibétain, le centre montagneux, orientée nord-ouest-sud-est, est recouvert d’une abondante et humide végétation. Large de 150 km, atteignant au plus haut 2000 m, cette chaîne, franchissable par de petites passes, s’immisce parfois jusque dans les zones littorales où elle s’effondre abruptement dans la région des plaines deltaïques du littoral central. Tournant le dos à la mer, le Vietnam s’appuie donc sur la cordillère Trường Sơn dont la vigueur de la pente côté vietnamien (la pente est plus douce du côté laotien) lui confère une fonction de mur naturel. Ceinturant les plaines vietnamiennes, les reliefs n’en restent pas moins entaillés par quelques vallées et cols qui permettent les échanges et les communications avec l’extérieur. Dans le centre, en plus du col de Lao Bảo qui s’ouvre sur le Laos, les Hauts Plateaux, seuil le plus important entre le nord et le sud du pays, sont liés au littoral par la vallée de Đà Rằng et le col de An Khê. La région des Hauts Plateaux (50 000 m2), soulevée pendant que le bassin du Mékong se creusait, culmine à 2598 m (massif cristallin du Ngọc Linh). Les Hauts Plateaux laissent ensuite le champ à des structures basaltiques (plateaux de Kontum, de Pleiku, du Đắk Lắk ou de Đà Lạt) en pente douce vers le sud. Dans la moitié sud du pays, les principales ouvertures restent celles produites par le fleuve Mékong, tandis que tout au long du corridor méridien, entre la mer et le massif montagneux, se distribue un chapelet de petites vallées plus ou moins indépendantes les unes des autres qui ne favorisent pas l’unité.

En poursuivant vers le sud, les températures s’homogénéisent à la mesure de l’aplanissement de la topographie. L’espace méridional vietnamien comprend, d’une part, des provinces appuyées sur les plateaux centraux et, d’autre part, des espaces ouverts sur la plaine centrale du Mékong et les marécages de son delta de 40 000 km2. Roulant un flot nonchalant, le Mékong, beaucoup moins dangereux que le fleuve Rouge, alluvionne abondamment dans la plaine occidentale presque entièrement consacrée à la riziculture. Au nord du delta, au bord de la rivière Sài Gòn, sur une terrasse alluviale, a été fondée en 1698 la ville de Sài Gòn, l’actuelle Hồ Chí Minh-ville.


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Yves Duchère (12 janvier 2024). Physiographie du Việt Nam. Việt Nam ơi ! Consulté le 17 septembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/vkv9


Yves Duchère

Géographe (Université d'Angers-Institut franco-chinois, Ningbo), spécialiste de l'Asie du Sud-Est et du Vietnam, Yves Duchère a séjourné plusieurs années consécutives au Vietnam où il a mené des recherches scientifiques portant sur les villages de métier du delta du fleuve Rouge et occupé des responsabilités en tant qu'urbaniste. Auteur de plusieurs articles et ouvrages, son dernier livre intitulé "Vietnam et États voisins. Géopolitique d'une région sous influences" est paru chez Armand Colin (Collection U) en octobre 2023. Ses champs de recherche ont trait à l'urbanisation en contexte autoritaire, aux interactions environnement-société en milieu urbain et, plus récemment, aux dynamiques et enjeux géopolitiques qui traversent le Vietnam à un moment où le nouveau centre de gravité géoéconomique et géopolitique du monde s'ancre de plus en plus en Asie du Sud-Est et orientale.

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